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Le groupe de défense des droits humains, Human Rights Watch, a publié un rapport dénonçant les tirs de mitrailleuses et les lancements de mortiers par les gardes-frontières saoudiens contre des migrants éthiopiens tentant de traverser la frontière depuis le Yémen.

Ces attaques ont eu lieu au cours des dernières années et ont très probablement causé la mort de centaines de migrants désarmés. Le rapport se base sur des témoignages d’observateurs ainsi que sur des images montrant des corps sans vie et des sites d’inhumation le long des routes migratoires.

Les Nations Unies ont déjà interrogé l’Arabie saoudite à propos de ces incidents, dénonçant une escalade de violences le long de la frontière méridionale avec le Yémen, en proie à la guerre.

Un responsable gouvernemental saoudien a rejeté le rapport de Human Rights Watch, le qualifiant de "sans fondement et non basé sur des sources fiables", sans toutefois fournir de preuves pour étayer cette affirmation. Les rebelles houthis du Yémen, qui auraient gagné des dizaines de milliers de dollars par semaine en faisant passer illégalement des migrants par la frontière, n’ont pas répondu aux demandes de commentaires.

Le rapport mentionne que quelque 750.000 Éthiopiens vivent en Arabie saoudite, dont jusqu’à 450.000 auraient pénétré dans le pays sans autorisation. La guerre civile de deux ans dans la région septentrionale du Tigré en Éthiopie a déplacé des dizaines de milliers de personnes.

Les gardes-frontières saoudiens auraient ouvert le feu sur les migrants ou lancé des explosifs en direction de groupes de migrants, selon les témoignages recueillis par Human Rights Watch. Le rapport se fonde également sur l’analyse de plus de 350 vidéos et photographies publiées sur les réseaux sociaux ou provenant d’autres sources entre mai 2021 et juillet 2023, ainsi que sur des images satellite capturées entre février 2022 et juillet 2023.

L’Arabie saoudite aurait renvoyé des milliers de migrants en Éthiopie en collaboration avec Addis-Abeba, dans le but de faire face au chômage des jeunes en Arabie saoudite.

Les migrants éthiopiens auraient été détenus, maltraités voire tués en Arabie saoudite et au Yémen pendant la guerre. Ces derniers mois, l’ONU a exprimé des préoccupations croissantes concernant les attaques des forces saoudiennes contre les migrants en provenance du Yémen.

En réponse à des allégations de bombardements transfrontaliers et de tirs d’armes légères par les forces de sécurité saoudiennes, ayant causé la mort de jusqu’à 430 migrants et blessé 650 autres, l’ONU a écrit au royaume le 3 octobre 2022. Dans cette lettre, l’ONU rapporte que les survivants de telles attaques ont signalé avoir dû feindre la mort pendant un certain temps pour échapper aux agresseurs.

L’Arabie saoudite a réfuté de manière catégorique ces allégations, affirmant ne pas mener de "meurtres systématiques" à la frontière. Cependant, le royaume a également déclaré que l’ONU avait fourni des informations limitées, ce qui empêchait de "confirmer ou de corroborer les allégations".